Les défis de l’action humanitaire : 2eme PARTIE
Défendre l’indépendance de l’action humanitaire
Au début des années 90,
des acteurs importants, notamment l’ONU, préconisent l’intégration de l’action
humanitaire dans des actions de rétablissement et de maintien de la paix. Les
expériences de plusieurs conflits (Bosnie, Somalie, Irak) montrent que cette
nouvelle approche est difficilement compatible avec le maintien de
l’impartialité de l’action humanitaire, condition de son accès à toutes les
victimes. La tâche de rétablir ou de maintenir la paix appartient à la
communauté des Etats. L’action humanitaire, qui ne vise qu’à protéger et
secourir les victimes, doit être indépendante de façon à établir avec toutes
les parties en conflit « un climat de confiance minimal sans lequel, dans
un contexte par définition très tendu, l’accès aux populations ne saurait être
préservé »
Faire mieux accepter l’action humanitaire
Les motifs et les modalités de l’action humanitaire sont souvent
mal compris et acceptés par les acteurs des pays frappés par des conflits, ou
des catastrophes naturelles. Ce manque d’acceptation, qui met en cause le
fondement même de l’action humanitaire, a plusieurs causes. Dans beaucoup de
conflits contemporains les acteurs de la violence sont multiples et peu
structurés. Dans les Etats affaiblis, ce sont « des bandes, des milices,
voire des "combattants du dimanche" sans idéologie ni programme, pour
qui le coup de feu est une fin en soi, le fusil un moyen de subsistance ».
Il n’est pas étonnant dans ce contexte que les motivations et les principes de
l’action humanitaire soient mal connus et compris. Une connaissance approfondie
du milieu et un effort constant d’adaptation des messages humanitaires aux
données locales sont une condition nécessaire à l’amélioration de cette
acceptation. Plus généralement, les conflits et les catastrophes ont lieu
aujourd’hui presque exclusivement dans les pays en développement, alors que les
acteurs humanitaires internationaux viennent avant tout des pays
industrialisés. L’action humanitaire peut donc être perçue comme un instrument
des pays industrialisés et, à ce titre, susciter des réactions de rejet.
Renforcer la coordination des acteurs humanitaires
La multitude
d’acteurs humanitaires sur le terrain pose des problèmes en raison de la
multiplicité et de la diversité des réponses aux besoins humanitaires et des
principes qui régissent l’action humanitaire. Il peut en résulter des
incohérences, un gaspillage des ressources, qui nuisent considérablement à
l’image de l’action humanitaire auprès des victimes, des protagonistes et du
public en général. Il faut donc que les bailleurs de fonds et les acteurs
humanitaires soutiennent et appliquent des règles de conduite garantissant
l’indépendance, l’impartialité et le professionnalisme de l’action humanitaire.
Articuler l’action humanitaire avec le développement
et l’ancrer dans la réalité locale
Dans les
situations d’urgence, les interventions extérieures ont tendance à répondre aux
besoins immédiats destinés à sauver des vies sans trop se préoccuper des
ressources et capacités locales. Cependant, dans beaucoup de situations de
crise, l’action humanitaire s’étend sur de longues périodes (des années, voire
des décennies). La dichotomie entre urgence et développement perd alors de sa
pertinence et l’action humanitaire doit adopter des modalités intégrant la
perspective du développement à long terme. Trop souvent, les mécanismes et
institutions locaux sont ignorés par l’intervention extérieure. Le défi est
donc d’impliquer le plus tôt possible les acteurs de la société civile, qui
joueront un rôle essentiel dans la reconstruction économique, politique et
sociale.
Commentaires
Enregistrer un commentaire