Notre vie d’aujourd’hui

La vie mérite d’être interrogée à l’aune de l’expérience inédite qui frappe le monde. Elle est faite de sciences , des espaces, des mouvements, de la curiosité et des relations humaines ; l’inverse de ce que nous vivons. Alors que dit-elle, quand 3 milliards d’individus confinés sont aujourd’hui privés de toutes ces dimensions ? Dans ce siècle dont la technologie a accéléré les métamorphoses jusqu’à lui reprocher de dénaturer l’essentiel, quelle lecture pouvons-nous oser ?
Ainsi devons nous pas relativiser les effets de cette accélération? La crise sanitaire n’est pas la conséquence d’un désordre géographique. Ne cherchons pas de boucs-émissaires. La peste, le choléra ou l'ebola n’ont pas eu besoin de la mondialisation accélérée d’aujourd’hui pour se répandre sur plusieurs continents. Ces crises font partie de l’Humanité. Le vrai sujet, ce que nous révèle cruellement la crise, c’est l’urgence d’une réflexion sur le destin de l’Humanité sur terre. Pourquoi vivons-nous ? Deux dimensions dont nous avons besoin font également défaut, à la fois pour lever les doutes légitimes que pose la pandémie, mais aussi pour envisager l’avenir : celle par laquelle nous ambitionnons de promouvoir la diversité du monde et celle grâce à laquelle se développe notre sens de l’émerveillement. L’une comme l’autre participent de notre épanouissement et des équilibres qu’il nous faut en permanence reconstruire.
Le monde  est un village planète terre. Nos villes et nos villages, nos montagnes, nos fleuves et nos océans, fondent cette diversité et la richesse des cultures qui en découlent. Ces cultures façonnent nos identités, lesquelles ne vivent que parce qu’elles sont ouvertes, qu’elles rayonnent, mais aussi parce qu’elles s’enrichissent de celles des autres et qu’elles sont en évolution constante. Elles constituent notre raison d’être. Elles révèlent nos économies dans leurs capacités à se différencier et à jouer un rôle dans le commerce mondial. Sans la diversité du monde, sans les cultures, tout s’aplatit, les économies s’effondrent et l’espérance s’efface. Or notre développement se construit dans une asymétrie territoriale. Partout dans le monde, des territoires se vident, quand d’autres débordent.Même si nous payons l’absence de politique d’aménagement du territoire, ce n’est pas une fatalité. La période actuelle montre à quel point la pensée humaine réagit au risque de l’urbanisation. Non pas contre les villes – elles sont de bouillonnants lieux de vie, consubstantielles du développement – mais pour rappeler l’attractivité naturelle des territoires et leur nécessité ; pour rappeler également une finalité politique, essentielle, universelle : celle qui permet à chacun de vivre confortablement là où il se trouve. Le géographe souligne que le sujet ne porte pas tant sur l’égalité des territoires, une notion vide de sens face à la vérité des environnements, des histoires et des choix économiques, mais sur notre capacité à les rendre accessibles pour en apprécier les atouts. C’est sans doute le premier défi de l’innovation. On espère des technologies, non pas l’aliénation que certains nous prédisent, mais qu’elles nous rendent libre de vivre loin des villes avec les mêmes standards de service, d’éducation ou de santé.

BAKARY SEGA DIEDHIOU community manager 

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